Témoignage (groupe proches-aidants)
«Mon père marche continuellement, ouvre les portes, entre dans toutes les pièces de la maison, regarde ensuite par la fenêtre de la cuisine et décide d'aller au garage, fouille dans ses tiroirs, sort ses outils puis retourne à la maison les mains vides et ça recommence... il rouvre les portes, rentre dans toutes les pièces de la maison, regarde par la fenêtre de la cuisine et ainsi va la vie... je ne sais pas trop quoi faire pour qu'il cesse ce comportement étrange... puis en même temps, il semble si heureux».
Jacinthe, 52 ans
Faire les cents pas, déambuler ou faire de l'errance à l'intérieur de la maison ne doit pas être toujours associé à un problème de comportement chez les gens atteints de la maladie d'Alzheimer... En fait, la vraie question à se poser serait plutôt:
En quoi est-ce un problème et pour qui?
Dans ce témoignage, Jacinthe nous le confirme clairement en disant que malgré le comportement d'errance de son père, ce dernier semble heureux et pour cause : il s'occupe et reproduit probablement des comportements passés et/ou habitudes de vie qui lui ont été significatifs tout au long de sa vie.
En d'autres mots et par ses actions jugées «étranges», il communique à l'entourage son existence et tente simplement et à sa façon de donner un sens à sa vie... Il vit dans sa propre réalité, dans un espace temps qui lui est bien réel...
Il est heureux d'être affairé, il ne souffre pas, a une bonne mobilité (donc ça lui fait faire de l'exercice en plus), il vit chez lui, dans un environnement familier, aimant et sécuritaire. De plus, les périodes d'errance se déroulent presque toujours vers les mêmes heures, toujours de la même façon (donc prévisible) et sont de courtes durées (donc aucun risque d'épuisement ou de déshydratation)... Mais en ce sens... en quoi est-ce donc un problème et pour qui en est-il un???
Vous avez deviné que Jacinthe vit probablement très difficilement la maladie de son père et qu'elle n'accepte pas (encore) tous les changements qu'entraînent la maladie d'Alzheimer chez son père...vous avez aussi compris que le réel problème est à ce niveau... et que s'il y a une intervention à faire, elle sera sûrement auprès de Jacinthe et non pas au niveau du comportement d'errance de son père...
Cependant, les problèmes reliés aux comportements d'errance existent et ne s'expliquent pas toujours par un besoin de se réaliser ou de s'occuper comme dans la situation du père à Jacinthe. En fait, certains comportements d'errance peuvent effectivement mettre la personne atteinte en situation de danger ou de détresse (si par exemple votre proche décidait subitement et sans avertir de quitter la maison pour se rendre à la maison de son enfance... ou si cette personne se levait fréquemment pendant la nuit, circule ici et là, ouvre les lumières et se décide de faire des galettes)... heureusement, il existe plusieurs interventions préventives et solutions pratiques et efficaces que je partagerai avec vous prochainement.
à la prochaine